La transition russe des années 1990

Quand il est fait mention de la "Russie", c'est généralement pour désigner la Fédération de Russie, sa forme politique et territoriale actuelle.

Fédération de Russie est le nom officiel du pays, adopté après la dissolution de l'Union soviétique en 1991. Le mot "fédération" reflète la structure gouvernementale du pays, composé de divers sujets fédéraux, notamment des républiques, des territoires (kraïs), des régions (oblasts), des villes d'importance fédérale, des régions autonomes et des circonscriptions autonomes.

Avant 1991, la Russie était une république (la RSFS de Russie) au sein de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Avec la dissolution de l'URSS en décembre 1991, la RSFS de Russie est devenue l'État successeur principal de l'URSS et a été rebaptisée "Fédération de Russie", conservant sa structure de fédération mais en tant qu'État souverain et indépendant.

Les débuts difficile de la Fédération de Russie

Boris Eltsine est élu Président de Russie le 12 juin 1991. A ce moment, la "grande" Russie est un pays affaibli et meurtri. L'industrie est décimée, les investissements étrangers sont très faibles, le pays est frappé par fuite des cerveaux et surtout, plus du tiers de la population vit sous du seuil de pauvreté.

Boris Eltsine sort indemne du coup d'Etat manqué conduit par Guenadi Ianaev en août 1991, puis lors de la révolte au Parlement en octobre 1993. Son premier mandat aura été marqué par la mise en oeuvre d'importantes réformes économiques. Il est réélu en juillet 1996, face au candidat communiste Guennadi Ziouganov.

La privatisation des entreprises

La privatisation des sociétés d'État, lancée en 1992, a représenté un pivot majeur du processus de réforme. Le gouvernement russe a clairement fait le choix de diminuer le poids de l’Etat dans l’économie et à ne plus subventionner les entreprises qui sont en faillites. Les deux principaux organes participant au programme de privatisation sont le "Comité de l'État pour l'administration du patrimoine de l'État russe" ou GKI, et le Fonds du patrimoine russe. Quant à la loi sur la réforme agraire, elle exclut le retour de la terre à ses propriétaires d'avant la révolution où à leurs héritiers.

Entre 1992 à 1994, une première méthode de privatisation, appelée la privatisation forcée ou accélérée, a été mise en oeuvre sous la forme de bons (vouchers), afin de subventionner la population locale. Chaque citoyen russe obtenait pour un montant symbolique des bons de privatisation, échangeables contre des actions des sociétés d'État. En pratique, les gens ne savaient pas très bien ce qu’il fallait faire avec les vouchers et les vendaient souvent à un prix très faible aux nouvelles organisations financières et aux fonds d’investissements.

A partir de 1994, la privatisation se fit en numéraire et permit dans une certaine mesure de renflouer les finances des gouvernements locaux et fédéraux. En pratique, le programme de privatisation a été décrit comme la plus grande vente à rabais de l'histoire, phénomène qui a bénéficié à la population dans son ensemble, mais plus encore à des personnes bien introduites.

Par conséquent, les grands monopoles d’Etat ont été partagés entre les réseaux mafieux et les oligarques qui se sont ainsi procurés de nombreux biens de façon douteuse. Par exemple, en août 1997, la holding Interros, de l’oligarque Potanine, a acquis 38 % des actions de Norilsk, la principale firme dans le secteur du nickel et du cuivre, pour 250 millions de dollars, alors que le group Norilsk réalise un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 3 milliards de dollars. Beaucoup d’oligarques, hommes d’affaires richissimes, ont constitué leur fortune lors des privatisations, accompagnées de scandales immobiliers auxquels ont été mêlés, entre autres, des capitaux étrangers. Dans leur ensemble, les Russes sont donc favorables au réexamen des privatisations.

La crise russe de 1998

La Russie traverse une grave crise en 1998. Au poste de Premier Ministre se succèdent en seize mois Viktor Tchernomyrdine (deux fois), Sergueï Kirienko, Evgueni Primakov, Sergueï Stepachine, puis Vladimir Poutine. En septembre 1998, le PIB du pays s'effondre et le nombre de sans-abri et de gens vivant sous le seuil de pauvreté augmente dramatiquement. Les établissements publics sont contraints de fermer, faute de moyens financiers. Dans des hôpitaux publics, une fois hospitalisé, le patient doit emmener ses médicaments, du coton, des pansements et de la nourriture. En hiver, certaines écoles ont dû suspendre les cours, faute de chauffage dans les locaux.

Dans cet environnement de "bespredel" (le mot russe signifiant un chaos extrême sans limite), Vladimir Poutine est élu Président de la Russie en 2000.

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