Orfèvrerie et joaillerie de Russie

Oeufs de Fabergé

La passion des tsars pour les œufs de Fabergé démarre en 1885, lorsqu’Alexandre III commande le premier œuf, destiné à son épouse, la tsarine Maria Feodorovna. La coutume d’offrir ces œufs le matin de Pâques et d’échanger trois baisers, était profondément ancrée dans les mœurs de la Russie orthodoxe. Ce jour était considéré comme le plus important de l’année et l’œuf, symbole de la résurrection, en était un élément essentiel. Carl Fabergé s’inscrit donc dans une tradition déjà bien établie. Mais il va l’enrichir de son imagination débordante et de son infinie créativité. Alexandre III ne s’y trompe pas. Enchanté par la première création du joaillier, il lui en commande désormais une nouvelle chaque année, et après sa mort, son fils Nicolas II poursuit la coutume en offrant deux œufs, un à sa mère et l’autre à la nouvelle tsarine, son épouse Alexandra Feodorovna.

Bijoux en argent

Les bijoux en argent massif témoignent du haut degré d’habileté des orfèvres russes. Les artisans russes maîtrisent les techniques les plus difficiles : filigrane, granulation, niellage et alliage de métaux précieux. A côté des productions en série, ils fabriquent de délicats bijoux d’or et d’argent. Ces objets livrent une image vivante de la société russe actuelle.

Les artisans qui travaillaient l’argent surent bien vite reprendre à leur compte ces formes de vaisselles et ces décors, mêlant étroitement les luxueuses compositions de fleurs et de fruits exotiques qui caractérisaient l’ornement européen de l’époque avec le décor russe traditionnel "en herbe", c’est-à-dire en rinceaux. Même pour les objets liturgiques, on faisait appel aux modalités nouvelles de l’ornementation : rinceaux compliqués et fleurs fantastiques dans lesquelles on pouvait reconnaître les contours des tulipes, des œillets, des pivoines...

Gravure sur argent niellé

Les orfèvres de Moscou et de la Province possédaient à merveille la technique rare et très complexe de la gravure sur argent niellé. Le décor en nielle est une très ancienne tradition russe qui remonte à la plus haute antiquité. L’un de ces chefs d’œuvre de l’art du niellage, d’une grande originalité, est un plateau portant une carte de la mer Noire. Il est l’œuvre d’un artiste moscovite anonyme en 1774 et a été offert en juillet 1775 au grand-duc Paul Petrovitch et à la grande-duchesse Natalia Alexeevna en l’honneur de la victoire dans la guerre russo-turque de 1768-1774.

La couleur naturelle de l’argent indique les possessions de la couronne russe, surtout la presqu’île de Crimée. L’argent doré marque les territoires turcs. Comme pour prolonger les vieilles traditions russes du travail de l’argent, le bord porte une grande inscription dédicatoire niellée, qui constitue un élément important dans le décor du plateau.

L’influence de la tradition moscovite du nielle se fit sentir sur la production de nombreux centres artistiques du Nord russe et de la Sibérie. Aux environs des années 1710, Tobolsk connaît un bref essor de la niellure. Le gouverneur de Tobolsk, D. I. Tchitchérine fit beaucoup pour y développer le travail de l’argent. Il commanda lui‑même aux artisans locaux un grand service de table. Sur les théières, les sucriers, les gobelets étaient figurées des scènes de chasse avec des paysages, des personnages, des animaux, toujours porteurs de traits de couleur locale.

Le nielle (’nigellum’ en latin) est une technique qui consiste à remplir une gravure en argent avec un amalgame spécial majoritaire d’argent, de plomb, de cuivre et de souffre. On obtient ainsi une très belle décoration avec différentes nuances selon le pourcentage de souffre.Outre Saint‑Pétersbourg, devenu pour tout l’empire russe la référence absolue dans le domaine du travail de l’or et de l’argent, des artisans œuvraient activement dans les autres foyers traditionnels, Moscou, Veliki Oustioug, Iaroslavl et Novgorod.

L’énorme quantité de pièces d’orfèvrerie et d’ustensiles d’or et d’argent accumulée en un siècle dans les résidences impériales manifestait aux yeux des Européens la richesse et la splendeur de la Cour impériale, rehaussant le prestige de l’empire russe et témoignant de sa puissance économique.

Bijoux émaillés peints tradition Finift

Les bijoux émaillés peints (ou Finift, comme on les nomme souvent en Russie) sont apparus au XVIIIe siècle à Rostov, tout en préservant la spécificité artistique de l’émaillerie locale, cette tradition a pu se développer et est devenu une perle précieuse des arts décoratifs appliqués.

La miniature peinte sur émail est l’une des plus intéressantes œuvres d’art. De tout temps les émaux étaient d’une grande valeur et s’appréciaient au même titre que les pierres précieuses. Les miniatures peintes sur émail étaient les objets de passion des collectionneurs de la haute société.

Le caractère exclusif et unique des émaux se caractérise par une maîtrise professionnelle picturale des émailleurs ainsi qu’une technique minutieuse de l’émail peinte et les procédés particuliers de leurs fabrication. La création de l’émail peinte comprend l’exécution de dessin au pinceau sur la plaque, ensuite suit la cuisson, qui est répétée plusieurs fois.

Pour cela, l’émailleur doit bien connaître son métier, n’ignorant rien des secrets de la tradition de l’émaillerie peinte. La mise en oeuvre de cette expérience acquise exige des années de travail scrupuleux.

L’art de l’émaillerie réagit avec souplesse aux nouveautés stylistiques et aux exigences de la mode. Apparu au XVIIe siècle, le portrait sur émail représente les proches et reste jusqu’à aujourd’hui un excellent cadeau, un décor sur le bureau, une décoration de la chambre à coucher, une exposition unique de la collection.

Contrairement à la peinture à l’huile sur la toile, le portrait peint sur l’émail ne subit pas l’influence du temps et conserve des années durant l’éclat et la vivacité du dessin et de la peinture haute en couleurs.

Ambre de la Baltique

Provenant de la Mer baltique sur la côte de Kaliningrad, des pays baltes ou de Pologne, l’ambre "de la Baltique" permet des assemblages de bijoux très originaux.

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