Relations UE-Russie

efroidissement général avec l’Europe qui a débuté en 2014 avec le rattachement de la Crimée à la Russie. Les gouvernements européens, y compris le gouvernement français, ont suivi la voie politique choisie par les États-Unis et ont imposé des sanctions à notre encontre. Beaucoup de liens ont alors été coupés, créant un vide politique. 

 

La Russie ne doit pas être subjuguée par le système bipolaire que tendent à imposer Chinois et Américains ; elle doit, au contraire, contribuer aux processus mis en œuvre par d’autres acteurs pour y échapper. De ce point de vue, il semble essentiel de développer activement les relations avec l’Union européenne – elle aussi amenée à descendre de sa montagne pour explorer les contrées inconnues de la politique internationale de demain.

L’Occident n’a pas tenu les promesses faites à Gorbatchev de ne pas empiéter sur la sphère d’influence de la Russie, on commence à dire, à Moscou, que les Européens et les Américains les ont abandonnés, et qu’il est temps de conclure de nouvelles alliances. Les militaires se font alors entendre, alertant sur le risque que représenteraient des missiles de l’OTAN déployés aux frontières du pays… L’intervention de l’Alliance en Yougoslavie en 1999 a jeté encore de l’huile sur le feu.

En février 2020, à l’initiative du maire de Prague, Zdeněk Hřib, le conseil municipal de la capitale tchèque entérine le changement de nom de la place des Châtaigniers, où se trouve l’ambassade de Russie. L’endroit est rebaptisé place Boris-Nemtsov, du nom de l’opposant russe assassiné en 2015 à côté du Kremlin. Deux mois plus tard, le déboulonnage de la statue du maréchal soviétique Ivan Koniev, qui a libéré la capitale – tchécoslovaque à l’époque – de l’occupation allemande en mai 1945 a été retransmis en direct à la télévision nationale. 

Prague n’est pas la première ville à célébrer de la sorte la mémoire de l’homme politique connu pour ses critiques virulentes à l’encontre de Vladimir Poutine et du « rattachement » de la Crimée à la Russie. Avant elle, Vilnius, Kiev et Washington avaient pris des décisions similaires – toujours à deux pas d’une représentation diplomatique russe… 

Les dirigeants politiques occidentaux considèrent la Russie de Vladimir Poutine comme un pays non démocratique aux lourdes responsabilités historiques – pour l’assassinat de Boris Nemtsov, pour la politique menée à l’égard de l’Ukraine, mais aussi pour les crimes perpétrés par l’Union soviétique, dont celui d’avoir libéré l’Europe de l’Est du terrible joug nazi pour y instaurer la tyrannie communiste.

 L’adoption par le parlement européen, d’une résolution affirmant la responsabilité équivalente de l’URSS et de l’Allemagne nazie dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, semble avoir « décomplexé » les forces révisionnistes qui prospèrent à Varsovie, Prague et Vilnius, et qui ne se gênent plus pour accuser Moscou de tous les maux. À les entendre, la libération d’Auschwitz et la prise de Berlin par l’Armée rouge sont au fond peu de chose si l’on considère que Staline et l’URSS ont opprimé la moitié de l’Europe pendant le demi-siècle qui a suivi.

Pour relancer les relations, il faut à la fois encourager la Russie à aller vers plus de démocratie tout en poussant l’Europe à plus d’indépendance pour qu’elle devienne une grande puissance. Et arrêtons de repousser la Russie vers l’Extrême-Orient : la Russie est de tradition occidentale

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